A Ouessant, l’île des phares par excellence ; elle en compte cinq au total : celui du Stiff, du Créac’h, de Kéréon, de Nividic et de la Jument. Ce dernier phare est sans doute le phare qui fait l’objet d’innombrables recherches sur Internet. Il est pourtant situé en pleine mer. Balayé par les tempêtes, traversé par le Fromveur, l’un des plus forts courants d’Europe et il est visible -avec de bonnes jumelles- de la pointe de Penn ar Viler au site de la pyramide du Runiou (sur la côte sud de l’île).
À l’origine de cet engouement pour le phare de la Jument se trouve une photo spectaculaire, quasi mythique, prise il y a plus de 30 ans, à l’époque où les derniers gardiens du phare vivaient encore sur place. Le photographe, Jean Guichard, faisait alors des reportages autour des phares des côtes françaises. Le 21 décembre 1989, il décolle avec son pilote en direction de la mer d’Iroise et l’île d’Ouessant. L’hélicoptère survole le phare de la Jument, balayée par une mer déchaînée et des vents surpuissants. L’appareil lutte contre des rafales terribles et ses vrombissements finissent par intriguer le gardien, qui ouvre alors la porte de son phare, sur lequel s’écrase, par l’arrière, une vague déferlante gigantesque.
Cette photo bien précise de Jean Guichard a été reproduite plus d’un million de fois ; elle aurait même, de 1994 à 2003, figuré parmi les dix plus grosses ventes de photos, devançant des clichés de Doisneau et de Cartier-Bresson.
Le phare de la Jument tient son nom du récif d’Ar-Gazeg sur lequel il est érigé (« La Jument » en breton). Le choix de son emplacement a été validé pour créer une route allant de phare en phare, jusqu’à celui des Pierres-Noires au large de la pointe Saint-Mathieu.